Le 9 mars 1765, Jean CALAS- marchand toulousain condamné à mort et exécuté trois ans plus tôt après avoir été reconnu coupable l’assassinat de son fils Marc-Antoine- était définitivement réhabilité par un arrêt de la chambre des requêtes de l’hôtel, cour souveraine composée de maîtres des requêtes et notamment chargée des causes extraordinaires.
C’est celui de ma jeunesse. Celui que je prenais les jours de pluie pour éviter de remonter tout le Faubourg Montmartre. Comme ont dû le faire des millions de personnes avant moi depuis que ces passages existe à la toute fin du XVIIIe siècle. Mais c’est bien plus tard que j’ai compris leur charme, leur beauté et leur différence.
Comme chaque année, arrivant porte d’Auteuil, dans le seizième arrondissement, presque sept-cents mille personnes -dont j’ai fait partie – n’ont eu qu’une idée en tête : arriver le plus vite possible dans la Mecque de leur sport favori : le tournoi de Roland Garros.
Ils ont longé l’une des grilles d’un jardin pas comme les autres. Trop hâte d’aller droit devant pour regarder autour de soi ; ne serait-ce que quelques secondes afin d’attiser une fugace curiosité.
Je les vois remonter vers la place du Tertre, direction le Sacré-Cœur. Pour une vue sur Paris à nulle autre pareille. C’est à peine si, en passant, ils ont jeté un œil à la bannière indiquant le musée de Montmartre. Trop occupés à trouver le meilleur angle pour leurs selfies. On n’est pas là pour admirer Paris à ses pieds, rêver de la ville la plus glamour ou regarder un à un les monuments qui s’offrent au loin. On est juste là pour « faire la Butte ». Et on repart, pas de temps à perdre.
Sans nom puisqu’anonyme. Dans ce qui étaient alors, au XVIe siècle, les faubourgs sans âme de Paris. En face du palais du Louvre, mais si loin pourtant. Quartier de misère, un autre monde que celui qu’elle voyait dans l’île de la Cité ou le pouvoir se disputait à coup de dague, de poison ou de noyade. Une maison de gueux, peut-être un bordel, où les jeunes clercs, fraîchement tonsurés, venaient cacher leurs turpitudes alcoolisées entre deux catins aux mains lestes. Mais, peut-être également, des belles aristocrates venues combler leurs amants sans risquer l’exil de l’une et la mort par l’épée ou la hache de l’autre.
Surtourisme ! Ce mot fabriqué pour l’occasion évoque bien la cohorte, toujours grandissante, de personnes en bermudas et t-shirt plus ou moins propre, qui envahissent Paris ; dès le printemps maintenant, effet JO et canicules récurrentes oblige. Pourtant Paris, la ville où je suis né, cache tellement d’endroit aussi beau qu’inattendus que l’on pourrait passer des semaines à les trouver et tomber sous leur charme. À condition toutefois d’aimer vraiment notre ville.Petit florilège de nos trésors cachés.
Le trajet du lendemain vers Montalbano Elicona se déroula presque intégralement en descente, d’abord en forêt puis ensuite en traversant un immense parc d’éoliennes dominant les monts Nebrodi. Pour atteindre l’étape du soir l’inévitable traversée du torrent en fond de vallée avant de remonter via un sentier muletier très raide pour déboucher en plein centre historique du village de Montalbano Elicona, classé lui aussi parmi les plus beaux d’Italie.
Je crois avoir eu la chance de visiter nombre de châteaux-forts incroyables dans mon existence, y compris le Krak des chevaliers et la forteresse de Saladin en Syrie, mais celui de Sperlinga est réellement l’un des plus spectaculaires : sa partie basse est véritablement taillée dans le rocher : écuries, salles de réception, cuisines, chambres se visitent dans un dédale sous la roche avant de monter sur la place d’armes, au donjon et enfin sur les différentes terrasses superposées, dont la plus haute se rejoint par un escalier très abrupt. En haut, une vue incroyable et bien sûr comme à Gangi, la certitude d’être inexpugnable.
Caccamo était le fief au XIIème siècle de Mathieu Bonnel, chancelier du roi normand Guillaume Ier dit le « Mauvais » quatrième fils de Roger II, en opposition à son fils Guillaume II, dit le « Bon ».
Ce château a conservé toute son architecture d’origine : remparts, salle d’armes, donjon, salle de garde, cuisines et cellules de prison où on voit encore les chaines qui retenaient les prisonniers et les graffitis de ceux-ci, généralement soumis à une mort certaine.
Pour ma randonnée planifiée en 2025, la logique aurait voulu que je reprenne mon itinéraire sur la via Popilia interrompu en juin 2024 pour le mener à son terme jusqu’à Reggio de Calabre. Mais un nouveau livre est venu briser ce bel ordonnancement. En effet en fouillant dans une librairie sicilienne lors de l’été 2024, je tombais sur un ouvrage qui selon toutes probabilités va m’accompagner tant que je pourrai randonner : « les 100 plus beaux chemins d’Italie » qui se présente comme un résumé de tous les plus beaux itinéraires pédestres de la Péninsule.
Tous ceux qui ont eu le courage et la gentillesse de me lire jusqu’ici pour profiter de mon récit de mon parcours à pied sur la via Appia antica et ses 700 kilomètres entre Rome et Brindisi, savent combien cette expérience m’a à la fois marqué et enthousiasmé.
De retour à Paris je n’avais donc qu’une seule idée : repartir. Pour cela il fallait planifier un voyage en tenant compte de plusieurs contraintes ; au-delà même de celles qui sont personnelles.
Altamura est une ville située juste en surplomb de la via Appia antica où j’avais prévu de me rendre car elle présente la particularité suivante : il s’agit d’une ville voulue par Frédéric II qu’il fit bâtir au XIII ème siècle, comme on construit des villes nouvelles aujourd’hui. Aucun habitat préexistant sur ces lieux, c’est chose très rare dans l’Italie méridionale.
L’étape démarrait par un chemin de crête qui conduisait à un endroit parfaitement improbable : un ancien bunker géant construit par la Wehrmacht pour prévenir toute attaque alliée du fond de la vallée, transformé en centre aquatique. Une grande piscine construite à l’intérieur du bunker, surmontée de gradins, le tout à l’abandon total, pas du tout clos malgré les dangers évidents de ce grand bassin vide. Je pensais m’attendre à beaucoup de choses sur ce parcours mais là on frôlait le plus étrange.
Un point de détail qui allait cesser d’en devenir un devait désormais m’accompagner jusqu’à la fin du voyage : l’aboiement incessant des chiens au bord des routes ou des chemins. Je devais vite remarquer que dans cette partie de l’Italie, plus l’habitat est modeste plus son propriétaire a de chiens pour le garder…et pour aboyer sur le randonneur inconnu qui passe à proximité et aller au devant de lui s’il peut sortir de son enclos.
Aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme son illustre ainé, c’est un lieu dont l’architecture intérieure est légèrement écrasante avec son fameux escalier monumental, et qui est au pied de jardins sublimes en pente ascendante tellement immenses que les promeneurs sont incités à louer des vélos pour en faire le tour !
DEUXIEME PARTIE : ITRI-CAPOUE La descente vers Itri permet de repérer quelques éléments de basalte d’époque jusque l’arrivée dans la ville où tout un parking de nouveau est installé sur une portion d’origine de la via tandis que le macadam a recouvert le reste. Itri que l’on traverse le long de la via Appius Claudius : impossible…
Le randonneur s’engage alors dans la via san Sebastiano, route pavée sans trottoir et ceinte de hauts murs de chaque côté protégeant des villas patriciennes. L’objectif est surtout, sur cette toute première portion, d’éviter de se faire écraser par des voitures à vitesse déjà importante, puisque par nature il ne peut y avoir de piétons à cet endroit là.
Chanteix, petite commune corrézienne de 615 habitants entre Tulle et Uzerche, plus précisément entre Saint Mexant et La Graulière, au carrefour de la D130 et la D63, autant dire au milieu de nulle part pour le commun des mortels initiés, organise depuis près de quarante ans début juillet son « Festival aux Champs », via l’association Tuberculture, et sait y inviter les plus grands artistes.
Caïn et Abel. Premier laboratoire de la violence humaine, première démonstration de notre science paradoxale.Le même cerveau qui invente l’agriculture invente le meurtre. Le berger nomade face au sédentaire technologique. Première guerre de civilisation, premier détournement du génie créateur vers la destruction. Bug fondamental dans le code source de l’humanité.
Putain, six mois que je traque les sorciers de la viralité comme un obsédé. Pas pour les dénoncer, mais, au contraire, pour voler leurs sorts. Mon bureau ressemble à celui d’un profileur du FBI : photos de Casey Neistat punaisées au mur, graphiques de croissance virale partout, post-it fluorescents qui dessinent la carte du génie digital.
Il était trois heures du matin dans un café parisien quand la révélation m’a frappé comme un éclair de génie alcoolisé. Face à moi, un éminent professeur de philosophie dissertait sur l’impossibilité de changer les esprits fermés, ses mains tremblotant autour de son espresso. « Impossible », répétait-il, « absolument impossible de pénétrer ces forteresses mentales. »
Aujourd’hui, je vous enseigne la Réduction de Trolls : l’art de faire fondre les cœurs de pierre comme du beurre sur une radiographie de Tchernobyl. Technique inspirée des grands chefs qui arrivent à faire pleurer les oignons AVANT de les éplucher.Durée moyenne : 7 échanges sur 3 jours (ou 3 séances de thérapie)Taux de réussite : 43% de conversion totale (mieux que Tinder)Putain, c’est plus beau que la paix mondiale !
Mes chers sapeurs-démolisseurs de la beauté,
SITUATION : Vous faites face à un ennemi plus coriace que le troll basique. Un spécimen qui débite des discours GONFLÉS, des slogans VIDES, des promesses CREUSES. Bref : une baudruche populiste en pleine expansion.
Le Haïku au Vitriol ne suffit plus. Il faut sortir l’artillerie lourde.
Aujourd’hui, je vous enseigne le Soufflé d’Authenticité : l’art de faire exploser les discours à l’air chaud par simple injection de réalité brute.
Technique développée après 28 ans à désamorcer les bullshits marketing. Efficacité garantie ou remboursé.
Mes chers soldats de la beauté,
SITUATION : Vous venez de prendre une balle verbale en pleine gueule. Un troll vous balance sa merde populiste. Votre première impulsion ? Riposter avec la même vulgarité.
ERREUR FATALE.
Aujourd’hui, je vous enseigne l’arme la plus redoutable du combattant moderne : le Haïku au Vitriol. Une technique de neutralisation qui transforme l’ennemi en allié en 17 syllabes chrono.
Vendredi dernier, je suis allé voir passer le Tour de France en Bretagne, dans le village de Trévérien, moins de 1 000 habitants. Comme à chaque fois que j’assiste au passage des coureurs depuis ma première en 1976, lors d’une étape qui arrivait à Manosque, dans ma Provence natale. C’est le même émerveillement devant la magie de ce spectacle unique.