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Dans un monde aussi atomisé et individualiste que le nôtre, la tribune que propose, pour Sans doute, la docteure en Psychologie, Marie-Victoire Chopin, sonne comme la découverte d’un chemin oublié, à l’instar de ces voies romaines qui continuent de vivre sous les ronces. Rappelant ce dicton du Moyen-âge : "Noblesse naît de bon courage. Car gentillesse de lignage, n'est pas gentillesse qui vaille" (Le roman de la Rose)
Il existe une forme particulière d’autorité qui ne s’annonce ni par des voix tonitruantes, ni par des diapositives grandiloquentes, ni par le poids feutré de la hiérarchie. On la perçoit plutôt dans la manière d’être d’une personne — une présence posée, une stabilité, un ordre intérieur qui demeure même lorsque la pièce vacille.
C’est ce type d’autorité qu'évoquait Audrey Hepburn lorsqu’elle déclarait dans une interview : « L’élégance, c’est l’intelligence rendue visible à travers l’action. Maintenant, la grâce est différente mais tout aussi mal comprise. La grâce n’est ni faiblesse ni excès de politesse — c’est de la force maîtrisée. C’est la manière dont vous affrontez l’échec, la critique et le conflit sans perdre votre centre. Quand quelqu’un vous attaque et que vous répondez avec clarté plutôt qu’avec rage, c’est de la grâce. Quand vous gagnez sans humilier ou perdez sans excuses, c’est de la grâce. Ensemble, l’élégance et la grâce créent quelque chose dont notre monde a désespérément besoin aujourd’hui. Elles ouvrent un espace pour un vrai dialogue, pour l’erreur, pour la croissance. Elles transforment les transactions en relations et les conflits en opportunités. Les personnes qui réussissent véritablement — elles maîtrisent cette combinaison, consciemment ou non. Alors voici votre défi : pendant une semaine, avant chaque interaction importante, posez-vous la question : comment puis-je apporter plus d’élégance et de grâce dans ce moment ? Observez ce qui se produit. »
À première vue, ces mots semblent appartenir au domaine du style plutôt qu’à celui de la stratégie. Mais relisez-les, et vous verrez émerger une éthique — une manière d’être qui pourrait guider non seulement la conversation polie ou le comportement personnel, mais toute la pratique même du leadership.
Car ce que Hepburn appelle élégance et grâce coïncide presque trait pour trait avec ce que les siècles passés ont désigné sous le nom de noblesse. L’élégance, comme intelligence incarnée dans les gestes, suppose une forme de tenue intérieure : savoir se contenir, choisir le mot juste, préférer la clarté au bruit. La grâce, comme force maîtrisée, est l’expression sensible de la maîtrise de soi : répondre sans s’emporter, assumer sans accuser, traverser le conflit sans perdre sa verticalité.
Ensemble, elles dessinent un art de se conduire où le pouvoir ne s’exhibe pas, il se discipline ; où l’ego recule pour laisser place à la dignité, à la retenue et au souci de l’autre. Autrement dit, l’élégance et la grâce sont la manière contemporaine de vivre une vieille idée, selon laquelle ceux qui ont davantage de pouvoir, de visibilité ou d’influence doivent se comporter autrement.