Comment l’intelligence artificielle révolutionne-t-elle déjà l’idée même de musée ? Que représentera la notion de conservation et de collection des oeuvres d’art d’ici 20 ou 25 ans ? C’est avec son sens aigu de l’analyse et de la connaissance du monde digital qui s’ouvre à nous, que notre contributeur et collectionneur remarquable, Sylvain Lévy, fournit quelques éléments de réponse aux lecteurs de Sans Doute.
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Il y a un parfum de diesel et de verrerie d’antan dans les couloirs de notre imaginaire industriel. La France, fidèle à ses rituels, semble obsédée par la sauvegarde de ses vieilles icônes plutôt que par l’invention de ses nouvelles épopées. On protège des sociétés qui fabriquent encore du “Duralex” comme si c’était un devoir patrimonial sacré, pendant qu’on oublie de miser sur les technologies de demain.
Depuis plusieurs années, le manuel papier disparaît peu à peu des classes d’histoire-géographie. Il serait jugé trop coûteux, trop lourd, voire trop « daté ». À sa place, plusieurs régions ont promu le tout-numérique : tablettes et ordinateurs, ressources en ligne. L’intention peut sembler louable : alléger les sacs, moderniser les pratiques, économiser le papier. Mais nous constatons chaque jour sur le terrain ce que ce basculement précipité provoque : une école moins équitable et parfois même plus vulnérable.
Pour Sans Doute, en collaboration avec Cybernetica, Tariq Krim livre un diagnostic sans complaisance des insuffisances criantes des politiques publiques sur la question essentielle de la souveraineté numérique. Parmi toutes les crises de l’action publique et dans l’environnement hostile qui est le nôtre en Europe occidentale quel que soit le côté vers lequel nous nous tournons, celle-ci est loin d’être la moins grave.
Après l’industrie et la finance, comment allons-nous réagir, nous, Français et Européens, contre la domination numérique des États Unis que nous avons consentis dans cette forme contemporaine de « servitude volontaire » décrite avec profondeur par Étienne de la Boétie (1530-1563). Nous savons que cette servitude numérique est la cause de nos malheurs.
Si l’on met la démagogie usuelle de côté, l’on voudra bien admettre qu’en France, plus qu’ailleurs, pays construit par et autour de son État, les hauts-fonctionnaires ont une responsabilité particulière dans les succès et les échecs nationaux. Et au moment où l’on fait mine de découvrir que la productivité est la condition essentielle de la croissance, alors que notre pays est déboussolé, posons-nous quelques questions simples.