Pour la première fois, les réseaux sociaux ont dépassé la télévision comme principale source d’information des Américains. Ce basculement n’est pas anodin : le forum s’est mué en fil, l’agora en algorithme. Ce que l’on célébrait naguère comme la démocratisation du savoir devient son paradoxe : un espace collectif en apparence, mais où chacun vit dans une bulle de réalité personnalisée.
Journalisme
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Le paysage audiovisuel français désormais bouleversé par les innombrables réseaux où se diffusent le tout et le n’importe quoi connait une tempête prévisible. La place des radios et télévisions de Service public prépondérante en nombre et en audience (pour la radio) est dans le viseur de groupes privés depuis longtemps. Jadis TF1 s’agaçait d’un Service Public trop protégé par la loi et donc à l’abri de la concurrence. Ce qui n’est plus le cas. Aujourd’hui les raisons de la tempête sont éminemment plus idéologiques.
« Ce que tu ne dis pas t’appartient, ce que tu dis appartient à tes ennemis », qualifiée de proverbe corse, cette phrase peut servir en toutes occasions, privées comme professionnelles. L’enquête journalistique est un genre plutôt rare et souvent dangereux. Seuls des médias disposant de rédactions solides et nombreuses, de l’écrit ou de l’audiovisuel, peuvent se permettre de laisser enquêter longuement leurs collaborateurs. Soit il s’agit d’un travail d’archives, de recoupements, de témoignages accumulés et de données en images et sont récupérés au gré des contacts et découvertes faites par le/la journaliste. Soit c’est la chance (le hasard n’est fait que de rencontres) qui ouvre soudain une piste à explorer.
Le Petit Parisien, Le Vingtième Siècle, Le Petit Journal… C’est toute une sorte de presse qui, au début du vingtième siècle, appâtait le chaland et faisaient frissonner les familles bourgeoises . Une seule règle : vendre plus que la concurrence en racontant des horreurs. Et ça marchait car il n’était pas rare que le million d’exemplaires soit atteint. Le journaliste Claude Sérillon évoque un événement récent, à Poitiers, qui illustre notre goût du morbide et de l’à-peu-près aussi vieux, semble-t-il, que la nature humaine.
Presque deux siècles et demi d’une tradition journalistique sont en train d’être mis en cause. De George Washington à Barack Obama, la presse américaine s’est toujours enorgueillie d’être à la fois indépendante vis-à-vis de tous les pouvoirs et de choisir son camp. Il semble que ce ne soit plus le cas désormais, comme s’en inquiète Benjamin Djiane. Associé Fondateur de l’agence de communication Braintrust, il voit là les prémices d’une dangereuse dérive.