Partager cet article
Presque chaque samedi matin, tout au long de l’année, le député de la Corrèze déambule sur le marché de Tulle, quai Baluze, devant la cathédrale et les belles maisons Renaissance du quartier du Trech, au bord de la Corrèze, la rivière…
Il y fait quelques emplettes, il salue les chalands fiers de saluer un ancien président de la République, même si chez certains on sent un relent de nostalgie pour son prédécesseur, Jacques Chirac, le grand Jacques. Il est vrai que la Corrèze est particulièrement réputée pour son importante production d’hommes politiques de très haut niveau.
Il s’adonne évidemment à ce rite liturgique pendant les vacances parlementaires. Mais il en profite pour sillonner son territoire. On l’a vu fêter la restauration des étangs d’Affieux, trois cents âmes, et de Mauriange à Chaumeil, deux cents habitants, capitale locale de l’accordéon, ex-villégiature du troubadour Jean Ségurel, promoteur du célèbre Bol d’Or –cycliste- des Monédières. Il a participé à Egletons aux Rencontres internationales de la Corrèze en partage, un mouvement qui s’attache à rassembler les corréziens du monde entier, et applaudi au concert choral de quatre cents jeunes des quartiers défavorisés cornaqués par l’opération Sing-in de « Apollo five » produit par le Festival de la Vézère. Il inaugure le nouveau Village Vacances de Seux, à Chamberet, et participe à la foire aux bovins gras du Lonzac. On l’a vu dans les marchés de pays et les vides greniers. Bref, on le croise dans chaque évènement que les villages de sa circonscription s’ingénient à organiser pour la plus grande joie de leurs concitoyens, de ceux qui reviennent au pays pendant l’été et des touristes qui sont venus profiter du calme et des paysages de ce magnifique pays mal connu. Heureusement ?
Prendre le pouls des autres
Il ne manque presque aucun comice agricole cantonal ou d’arrondissement, une spécialité locale, où les éleveurs viennent présenter leurs plus belles limousines, ces célèbres vaches qui ont été ou iront au Festival de l’élevage de Brive, à Cournon d’Auvergne ou au salon de l’agriculture. Oupette, l’égérie du salon 2025, passe cette année ses vacances en Limousin. Dans ces grandes réunions, on prime les plus beaux spécimens, on se retrouve, on casse la croute, on déjeune et l’on fait la promotion de l’agriculture corrézienne. Le président-député serre les mains, selfise à tout vat, embrasse les enfants sous l’œil attentif des édiles, les maires du canton, les conseillers généraux, le sénateur, et souvent le préfet. Ambiance Alphonse Daudet et son sous-préfet aux champs, même si les parfums de la lavande et de la farigoule sont ici remplacés par ceux des fougères et des genêts.

On imagine mal que cette parenthèse estivale l’empêche de songer aux échéances pour le moins inquiétantes de la rentrée, du débat budgétaire annoncé rude aux perspectives électorales à venir. Censure or not censure ? Songe-t-il à 2027 ? Le microcosme bruit des chicayas Dati/Barnier et des humeurs Macron/Retailleau. Les futurs impétrants rôdent sur le terrain leurs discours à venir. Et les ambitions personnelles semblent – pour l’instant – l’emporter sur une vision nourrie par l’intérêt général. Qu’importe, les Français sont aux bains de mer et le premier ministre bachote rue de Varenne. On verra bien en septembre. Comme chaque année, on attend un automne assez chaud !
Pendant ce temps, le monde prend feu, et pas seulement dans les garrigues sèches du sud de la France où le réchauffement climatique se rappelle à notre attention. Donald Trump, le roi des bonimenteurs joue au chat et à la souris avec un Vladimir Poutine froid, inflexible, impassible, menteur et déterminé. Rira bien qui rira le premier ! La Lituanie s’inquiète et alerte l’Otan. La tragédie humanitaire de Gaza entretenue par Benjamin Netanyahou et les remous du Moyen Orient ne gâchent apparemment pas le repos des aoutiens, malgré les scénarisations dramatisantes de BFM et LCI. Pourquoi les experts ne prennent-ils pas de vacances ? Les sérieuses frictions entre le Cambodge et la Thaïlande sont bien loin de chez nous. Notre Europe n’en finit pas de ne pas se construire et mutualiser ses forces, malgré des intentions fermement affirmées.
Au café du village, on commente une météo imprévisible et l’on craint un nouvel épisode caniculaire ; on attend la prochaine fête du village, les banquets des chasseurs et de l’entente sportive, la brocante, le défilé des vélos fleuris et le feu d’artifice. Quelques vacanciers mystérieux empruntent la grande rue. On se demande qui va se présenter aux élections municipales, en commentant les plus et les moins de la précédente équipe. Et l’on sait ici que l’hiver point en général dès le début de la fin du mois d’aout. En sera-t-il de même ? Ainsi va la vie.