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Avec ses mots, ses haikus et son style inimitables, notre contributeur gonzo-chic Frédéric Arnaud-Meyer revient sur ce mal bien français : être toujours en retard d’une guerre, comme depuis le 19ème siècle au moins. Il dénonce aujourd’hui avec conviction un volontarisme industriel des pouvoirs publics fondé sur les métiers du passé, plutôt que sur ceux de demain.
Plaidoyer pour une renaissance industrielle française
Il y a un parfum de diesel et de verrerie d’antan dans les couloirs de notre imaginaire industriel. La France, fidèle à ses rituels, semble obsédée par la sauvegarde de ses vieilles icônes plutôt que par l’invention de ses nouvelles épopées. On protège des sociétés qui fabriquent encore du “Duralex” comme si c’était un devoir patrimonial sacré, pendant qu’on oublie de miser sur les technologies de demain.
Sous les verres usés,
L’avenir attend en silence,
Forge le présent.
C’est là le paradoxe : nos décideurs rêvent dans le rétroviseur. Ils sont prisonniers d’une pyramide des âges qui confond héritage et avenir. Plutôt que de propulser la France dans une vision industrielle audacieuse, on préfère la logique nostalgique : le diesel plutôt que l’électrique, le Duralex plutôt que la bio-ingénierie. Pourtant, la vérité gonzo-chic, c’est que la France a déjà dans ses marges tous les ingrédients d’une renaissance industrielle.
Et cette renaissance ne repose pas seulement sur des ingénieurs, mais sur une jeunesse qui bouillonne partout : dans les banlieues, dans les villes, dans les campagnes, dans les DOM-TOM. Une jeunesse qui n’a pas envie qu’on lui vole son avenir avec des idées du passé, mais qui veut forger ses propres horizons.
Dans chaque banlieue,
Des rêves d’acier et de code,
Fleurissent en silence.
Alors, arrêtons de croire que l’avenir se trouve dans les vitrines du passé.
L’avenir, c’est remettre la main sur le fer, sur la donnée, sur le code — et permettre à cette nouvelle génération d’en faire une œuvre collective.
Qu’on arrête de lui parler de “start-up nation” comme d’un slogan creux ou de “plan industriel” comme d’une punition. Qu’on lui donne plutôt des ateliers, des fab labs, des machines-outils augmentées, des terrains d’expérimentation réels, où elle puisse mêler la matière et l’esprit.
Parce que le futur ne sortira pas d’un décret, il sortira d’un atelier, d’un garage, d’une île, d’un hangar ou d’un data center solaire au milieu du désert.
Sous la rouille dort,
Le feu des jeunes forgerons,
Code et métal chantent.
Ce qu’il manque à la France, ce n’est pas du talent — c’est du courage politique pour faire confiance au vivant.
À cette génération qui n’a pas peur de mélanger robotique et poésie, artisanat et IA, low-tech et vision cosmique.
Le jour où on lui ouvrira la voie, la France cessera d’être un musée industriel pour redevenir un laboratoire du monde.
Sous la pyramide,
Les graines fissurent la pierre,
L’avenir s’enfante.
Frédéric Arnaud-Meyer
Montagnard par la lucidité, Girondin par la foi dans le commun.
Auteur de la Science Paradoxale.