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Trente degrés à l’ombre un premier mai ! Du jamais vu de mémoire de grenouille, les thermomètres s’affolent. Il aura fallu ressortir en catastrophe des tréfonds des placards bermudas et chemisettes. Les terrasses se repeuplent, les bières fraiches perlées de gouttelettes rafraichissantes désaltèrent indigènes et touristes…
C’est l’été au début du printemps, mai se prend pour août. Il n’y a plus de saisons, ma bonne dame, pensez donc, quinze jours avant les saints de glace ! Était-ce simplement un exercice « soft » pour préparer doucement et sournoisement nos compatriotes aux quarante ou cinquante degrés que l’on nous promet pour 2040 ou 2050 ? Ou l’avant-première d’un été plus qu’attendu par une société éprouvée dans un climat plutôt morose. Qui ne veut plus croire au réchauffement climatique ?
Les défilés du premier mai se sont déroulés partout dans le pays dans un calme quasi inhabituel. Les black-blocks seraient ils fatigués ? A chacun son parcours. Des leaders délocalisés, ici à Narbonne, là à Dunkerque, évidemment, entonnent des antiennes usées. On n’a même pas entendu vociférer Jean Luc Mélenchon.
Pas de défilé dans le petit village, bien sûr, où le café du matin n’a déclenché aucun mot d’ordre particulier. Personne dans les rues, la boulangerie est de toutes façons fermée le jeudi et la supérette n’a pas cru devoir lever le rideau.
Par contre les agriculteurs, profitant de l’aubaine, n’ont pas chômé ! Ils tentent d’anticiper la fenaison et d’accélérer le séchage, la chaleur soudaine y est favorable. D’imposants tracteurs entament dans les champs un étrange ballet, entre fauchage, bottelage et enroulage. Bientôt, les balles enrubannées se déploieront dans les prés en attendant l’hiver ; auprès des vaches limousines impassibles. Auraient-elles remplacé les meules d’antan ?
Plus au sud, dans les plaines aux confins de la Corrèze et de la Dordogne, ils espèrent encore sauver les pousses de maïs trop inondées par la Vézère, il y a quelques jours à peine.
Dans les jardins, le printemps s’est installé. Les azalées s’en donnent à cœur joie quand les jolies fleurs des camélias s’étiolent. Le muguet sauvage au parfum entêtant, précoce cette année, a encore gagné du terrain. Puisse-t-il porter un bonheur inespéré ! Les iris et le lilas, plongés dans la glycine forment un camaïeu de violets, de mauves et de bleus des plus harmonieux. Les tulipes s’effacent et les boutons de roses tentent une percée. Les arbres ont retrouvé leurs feuilles, jeunes, tendres et timides. Elles couvrent peu à peu les fleurs des fruitiers. Les haies se plaisent au soleil. Cinquante nuances de vert animent le paysage. Dame nature fait fi des troubles géostratégiques.

Patatras, on annonce et constate dès après cet entracte estival des dérèglements pluvieux et orageux. Le tonnerre gronde grave et la grêle cogne les carreaux. Dépressions et anticyclones, vents contraires et violents, Laurent Romejko, Evelyne Dheliat et consorts en perdent leur latin météorologique, Alain Gillot-Pétré se retourne dans sa tombe. Les sempiternelles « moyennes saisonnières » – bien mal nommées tant elles viennent de ce temps que les moins de vingt ans … – vont nous rattraper. Il ne fallait pas remiser si tôt pulls et imperméables.
Le mercure n’est pas le seul à faire du yoyo. Les grands empires ont des fourmis dans les jambes. Xi Jinping observe avec une sagesse toute chinoise Donald et Vladimir jouer au chat et à la souris, voire au poker menteur. Moscou propose naïvement des trêves et autres cessez le feu inacceptables, histoire de faire semblant de vouloir la paix en Ukraine quand Washington croyant qu’il l’a déjà obtenue s’impatiente ; pendant que des milliers de soldats et de civils meurent sur la ligne de front. « Arrête, Vladimir ! »
Lequel Vladimir prépare son grand défilé de la victoire – laquelle ? -, et la célébration de ses vingt-cinq ans de règne. Donald qui ne saurait se complaire en reste, en annonce un pour son prochain anniversaire. En attendant il signe un « deal », un de ces trucs qu’il comprend et qu’il sait faire, sur les ressources ukrainiennes avec le Président Zelensky. Et les deux lorgnent sur quelques régions du globe qui complèteraient harmonieusement leur vision de leurs empires respectifs, au mépris des règles internationales, du droit bâti avec patience et de la bienséance qui devrait prévaloir quand on vise le prix Nobel de la paix.
Trump qui, depuis son escapade au Vatican pour les funérailles de François, se verrait bien pape, jette un gros pavé dans les échanges internationaux avec sa « carte » des droits de douane pays par pays. Il se rétracte aussi vite, conscient -ou pas ? – des déséquilibres qu’il favorise, au détriment peut être de son propre pays où les bourses plébiscitent les « Big Tech », à l’exception de Tesla. Elon Musk se voit obligé de se remettre au travail, emporté par l’ébauche de valse des collaborateurs gênants de la Maison Blanche. En France, rien de nouveau. Ainsi va le monde.