Il serait erroné de voir la criminalité économique comme un mal contemporain. Elle serait plutôt de l’ordre d’une épidémie. Avant les paradis fiscaux, les cryptomonnaies et les krachs boursiers, il y eut une balance truquée sur un marché antique. Un geste anodin, presque banal, mais porteur d’un virus redoutable – celui de la distorsion de confiance.
Capitalisme
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Ce matin-là, en scroll LinkedIn compulsif avant le premier café – cette drogue moderne qui nous fait croire qu’on comprend l’économie mondiale en quinze minutes –, l’info me frappe comme une gifle de belle-mère : ASML investit 1,3 milliard dans Mistral AI.
Pas une prise de participation symbolique pour faire joli dans les rapports annuels, pas un partenariat de façade pour épater les actionnaires. 1,3 milliard. D’euros. Dans une startup française. Une startup française qui fait de l’IA et qui n’a pas encore été rachetée par Google. Miracle de l’innovation hexagonale !
Les Européens sont comme médusés par les premiers pas du nouveau pouvoir américain, en place depuis le 20 janvier 2025. De quoi cette sidération est-elle le signe ? Tout d’abord d’une incrédulité et d’un vertige face à la solitude. Ensuite, de l’effarante nouveauté des défis qui les menacent et qu’ils ont à relever. L’Amérique trumpienne et la Russie de Poutine sont deux problèmes neufs et actuels. Le premier au 20e siècle, la guerre froide, et l’avant-première guerre mondiale des impérialismes n’aident que très partiellement à les saisir et à les affronter.
Les liens entre milieux économiques et monde politique ont toujours été étroits outre-Atlantique mais rarement hommes d’affaires n’avaient été aussi proches du pouvoir exécutif qu’Elon Musk et ses amis de la Silicon Valley, écrit Gilles Sengès qui a suivi de près l’actualité américaine ces dix dernières années. Donald Trump a choisi une douzaine de milliardaires pour former une partie de son administration.