Partager cet article
Chanteix, petite commune corrézienne de 615 habitants entre Tulle et Uzerche, plus précisément entre Saint Mexant et La Graulière, au carrefour de la D130 et la D63, autant dire au milieu de nulle part pour le commun des mortels initiés, organise depuis près de quarante ans début juillet son « Festival aux Champs », via l’association Tuberculture, et sait y inviter les plus grands artistes.
Cette année, Thomas Dutronc et Véronique Sanson – Besoin de personne, Ma révérence et Bahia étaient bien sûr au programme, après le troisième rappel – en étaient les vedettes dans la « cabane en zinc » installée au cœur d’un amphithéâtre de verdure locale, de hêtres et de noisetiers. Deux mille cinq cent festivaliers locaux et estivants les ont applaudis jusque tard dans la nuit, entre un passage aux buvettes et au restaurant, où l’on paye encore en « Zapatatas », superbe mot valise né de Zapata et de patates, la monnaie locale du jour. Ici, point de monnaie numérique : « sans Zapatatas, ce ne serait plus le Festival aux champs » !
Cet évènement succédait à Festi’Malemort, début juillet, où La Compagnie créole, BlackM, Patrick Fiori et Pascal Obispo auront animé au parc des Bouriottes des soirées déjantées pour près de dix mille personnes. Et huit jours plus tard démarrait le « Lovely Brive Festival » où pendant quatre jours ont défilé une renversante Santa, Mika, Clara Luciani, Soprano, Matthieu Chedid, -M- et Lamomalie, dans une chaleur étouffante qui n’a en rien entamé l’enthousiasme des quelques dix mille spectateurs quotidiens. Un jour, ce festival accueillera sur le stade Amédée Domenech, le stadium historique des exploits rugbystique du CAB, les plus grands. L’année dernière, Brive recevait Sting. Cette année, une innovation réunissait, en partenariat avec le Festival de la Vézère, le pianiste de jazz Paul Lay et Greg Zlap, l’harmoniciste de Johnny Hallyday, dans la nouvelle tribune du stade ! Il n’y a pas de frontières entre les musiques, pourvu qu’on les aime et qu’elles nous aident à vivre.

Ce Festival de la Vézère, depuis quarante-quatre ans, un peu plus que Chanteix, invite au long du cours de la belle rivière, quelques grands artistes de la musique classique dans des lieux privilégiés du patrimoine, des jardins de Colette à ceux de Sothys en Xaintrie, de Collonges la Rouge aux terrasses de Turenne, de l’abbaye d’Aubazine à la cathédrale de Tulle. Y sont venus Abdel Rahman El Bacha et Barbara Hendrix. Cette année, Jean François Zygel improvisera sur La Fontaine, Adam Laloum jouera Brahms, l’orchestre à cordes de la garde républicaine donnera la petite musique de nuit, Thibault Cauvin nous fera voyager avec ses rêves et sa guitare, Pascal Amoyel imagine une master class de Chopin. Raphel Pidoux, un fidèle de la Vézère, s’emparera des « Pans » et des dernières ardoisières d’Allassac, et comme de rigueur l’incroyable troupe de Diva Opéra enchantera dans la grange du Saillant les corréziens ou leurs visiteurs avec les Noces de Figaro et Don Pasquale.
De Saint Robert à Segonzac et Concèze, dans les plus petits villages, chorales, concerts et poésie foisonnent, offrant au public, toujours plus nombreux, des moments d’évasion et d’émotions. A Tulle, cité de l’accordéon, les nuits de nacre ont cédé la place à « Tulle remet le son ». Certes, l’offre est riche et la concurrence devient rude. Les modèles économiques sont mis à forte épreuve, la course aux financements est âpre. Mais le public est là, friand pendant ses vacances ou ses moments de loisir de se laisser porter par les notes, les mélodies et les accords, de se laisser emporter loin des soucis et de la morosité d’un monde pour le moins turbulent et inquiétant.