Partager cet article
La lecture de la vision du secrétaire américain à l’Energie dans un article récent de The Economist est assez sidérante. Il y a de quoi être inquiet à la fois sur les faits et sur le fond du projet proposé aux Américains et au reste du monde. Acteur engagé de la transition énergétique, Pierre-Etienne Franc publie un ouvrage – aux éditions de l’Aube – qui propose une réponse structurée à cette apologie fossile et productiviste. Pour Sans doute, il livre quelques-unes de ses analyses.
Chris Wright, souvent surnommé le « Energy Czar » sous l’ère Trump, a présenté dans une tribune parue dans The Economist, en juillet dernier, les orientations de politique énergétique de l’administration en place pour les Etats-Unis (et pour le monde).
Cette doctrine a le mérite d’être claire et sans détour. Elle permet de comprendre – au-delà des slogans affirmant le primat des énergies fossiles : Drill Baby Drill – l’abîme qui sépare désormais la pensée américaine dominante et une certaine vision du monde que continuent de défendre, croyons-nous, le continent Européen de concert avec d’autres partenaires du Sud global.
Le premier point de l’analyse de C. Wright est de considérer que l’énergie est le carburant fondamental et essentiel de l’ambition humaine, hier, aujourd’hui et plus encore demain. A ce titre, l’énergie doit être libérée sous toutes ses formes pour permettre à l’homme d’assouvir l’ensemble de ses projets, vertueux ou non. Il n’est pas de limite à donner à la consommation et à la dépense énergétique tant qu’elle permet de poursuivre la quête insatiable de l’homme vers tous les dépassements possibles promis par son imagination. Cela vaut d’abord pour le peuple et le territoire américain, terre d’entreprise, et incidemment peut-être pour le reste du monde.
Toujours d’après sa doctrine, les énergies renouvelables sont posées comme inefficaces, peu fiables, plus couteuses et moins vertueuses sur un plan environnemental que ce qu’en disent les agences mondiales de l’énergie. A ce titre, les dépenses d’investissements, de ressources et les politiques de soutien à ces formes d’énergies sont inutiles et illusoires. Il en prend pour preuve la part des énergies fossile dans le mix énergétique américain, restée stable à 82% entre 2019 et 2024, ce qui illustrerait selon lui le gâchis financier de la politique de soutien américaine à ces nouvelles énergies.
L’usage des énergies est amené à croitre significativement avec les besoins considérables des nouvelles technologies et de l’IA. Ainsi C. Wright explique qu’il est probable que cela entraîne une pression sur les ressources et les équilibres climatiques de la planète, mais que celle-ci doit être considérée comme un « dommage collatéral » à gérer, et dont le coût restera toujours infime comparé aux bénéfices immenses d’une croissance drainée par le développement technologique.
Mr Wright rappelle aussi fort justement qu’une misconception se développe sur l’énergie, qui tend à se surfocaliser sur les questions relatives au mix électrique alors que l’électricité ne représente qu’un peu plus de 20% des besoins énergétiques mondiaux et ne pourra jamais totalement remplacer les autres vecteurs énergétiques. Il poursuit son raisonnement en soulignant à quel point les pays engagés dans les révolutions vertes sont en difficulté avec leurs secteurs très intensifs en énergie, et en déduit qu’il conviendrait d’accélérer l’usage des énergies fossiles, abondantes et peu chères pour relancer la croissance économique américaine d’abord et dans le reste du monde.
Sur un point toutefois, la doctrine de C. Wright converge avec nos approches, à savoir le rôle central que joue déjà et va jouer plus encore l’énergie dans la structuration de notre rapport au monde, aux autres et au temps.
Article réservé aux abonnés
Abonnez-vous gratuitement pendant 1 mois
Profitez d'un accès illimité à l'ensemble de nos contenus en ligne et toutes nos newsletters.
Bénéficiez de votre abonnement gratuit