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Un banal lundi du mois de mai, à l’intérieur d’une salle de la prestigieuse Cour d'Appel de Paris. Une dizaine d’avocats, dont certains viennent probablement de loin, sont présents et attendent le début de l'audience, lors de laquelle leur affaire sera appelée à la barre. Ils pensent légitimement qu'il leur sera donné l'occasion de plaider un dossier préparé pendant de nombreux mois et qu'ils ont, pour la plupart, pris la peine de déposer personnellement, plusieurs jours auparavant et conformément à la demande du magistrat, au greffe de la Cour.
Une demi-heure plus tard environ, il ne restera pourtant plus personne dans la salle.
Trente à quarante minutes auront été suffisantes pour traiter l'ensemble des affaires : chaque avocat n'a, en effet, eu droit qu'à cinq minutes de parole généreusement octroyées par le Juge unique en charge de l’audience, qui avait tenu à rappeler au préalable qu’il n’était pas envisageable de dépasser ce laps de temps. Nul besoin d'être un juriste chevronné pour comprendre qu'il est radicalement impossible de présenter en cinq minutes une argumentation structurée relative à des dossiers comportant le plus souvent plusieurs dizaines de pièces.
Un vendredi de la même semaine, au Tribunal Judiciaire de Bobigny. La salle des référés est pleine au moment de l'appel des causes. Le rôle comprend plusieurs dizaines de dossiers par définition urgents, compte tenu de la nature même de la procédure de référé, et une personne non familière des arcanes de la justice pourrait légitimement penser que l'audience qui débute à 13h ne se terminera pas avant la fin de soirée. Et pourtant, là encore, quelques dizaines de minutes après, l’entrée du Président, il ne restera plus à l’intérieur de l’enceinte qu'un petit tiers des présents.
Les renvois d’affaires à une prochaine audience (soit, en moyenne et compte tenu des prochaines vacances judiciaires, quatre mois plus tard) et les désistements d’instance se sont enchaînés pour vider progressivement la salle.
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