Partager cet article
La manipulation de l’information par les puissances belligérantes pour défendre leurs intérêts est une composante essentielle des conflits modernes. Dans le cas de l'agression russe contre l’Ukraine, le secteur de l’énergie et en particulier du gaz, où la Russie tenait de fortes positions en Europe, est un cas d'école nous explique notre contributeur Didier Holleaux, en revenant sur les attaques contre le gazoduc Nordstream.
Rappelons les faits. Au fil des décennies depuis les années 1970, la Russie a constitué un réseau d’exportation de gaz vers l’Europe occidentale qui repose sur 4 gazoducs qui sont, par ordre de construction :
- Fraternité qui traverse l’Ukraine et la Slovaquie,
- Yamal-Europe qui traverse la Biélorussie et la Pologne,
- Nord Stream 1 qui traverse la Baltique pour relier directement la Russie et l’Allemagne (Nord - Stream 2, qui le double, n’a jamais été mis en service du fait de la guerre),
- Turkstream qui traverse la mer Noire pour rejoindre la Turquie et la Grèce.
Dès leur construction, Nord Stream 1 et surtout Nord Stream 2 ont été l’objet d’attaques virulentes de la part des ukrainiens, des polonais et des américains, expliquant que l’objectif des russes en construisant ces gazoducs desservant directement l'Allemagne, était d’interrompre les flux de gaz en Ukraine pour priver ce pays des recettes correspondantes et l’affaiblir. L’histoire allait montrer le caractère simpliste de cette vision. Si la construction de Nord Stream avait incontestablement pour effet de mettre les tarifs de transit excessifs pratiqués par les ukrainiens sous pression, l’objectif n’était pas d’interrompre ce transit.
Les manipulations russes sont plus complexes que cela...
Dès 2021 la Russie profite d’une position dominante sur le marché européen du gaz et d’une situation d’approvisionnement tendue pour restreindre ses exportations et faire monter les prix du gaz, augmentant ainsi ses revenus. Le prix du gaz en Europe atteint ainsi 100 euros par mégawattheure, soit 5 fois le prix de la décennie pré-Covid, dès l’automne 2021. Il s’agit d’un classique abus de position dominante sur le marché.
Article réservé aux abonnés
Abonnez-vous gratuitement pendant 1 mois
Profitez d'un accès illimité à l'ensemble de nos contenus en ligne et toutes nos newsletters.
Bénéficiez de votre abonnement gratuit