Pour protéger son bateau, Éric Bellion, concurrent du Vendée Globe et chroniqueur sur Sans doute, a préféré abandonner que de prendre des risques inconsidérés. Son bateau est l’autre concurrent, puisque l’autre partie de lui-même. Celui de l’ombre, qui forme couple. Loin d’être une sorte d’anthropomorphisme, le regard d’Éric sur celui qui partage son aventure, est avant tout, une belle leçon de vie invitant à notre propre introspection. À nous souvenir de ce qui nous est réellement précieux. À savoir ce qui vaut et ce qui ne vaut pas. Tous les grands marins le savent, la mer est bien plus qu’un sublime terrain de jeu.
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« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » déclamait Baudelaire, dans l’un de ses plus beaux poèmes. À lire l’article de notre confrère, le journaliste Thibault Le Rol, sur Sans doute, la victoire de Charlie Dalin au Vendée Globe est porteuse de bien plus de choses qu’une simple victoire sportive, si exceptionnelle soit-elle. Sa formidable victoire est avant tout celle d’un homme à la détermination d’acier. Avec, pour compagnons, celle d’une synthèse entre la volonté humaine, la connaissance et une technologie qui change à une allure exponentielle.
C’est un vrai mystère. Simple quidam, accoudé au soir tombant, à la passerelle d’un paquebot, dans des croisières pas toujours respectueuses de leur environnement, ou seul sur son voilier, affrontant les océans et les vagues jalouses de leur territoire d’eau, la mer fascine. Elle a comme une part d’infinie. Tout comme l’espace, elle donne une forme de vertige. C’est ce que doit ressentir Éric Bellion qui, avec ses adversaires – et compagnons du Vendée Globe, est maintenant de l’autre côté des hémisphères.
Beaucoup d’entre nous en rêvaient et ne l’ont jamais fait. Lui l’a déjà fait et le fait à nouveau. Mais comme une première fois, un baptême. Car aujourd’hui, il y a une famille qui le verra partir. Et l’attendra sur la jetée, trois mois plus tard. Entre deux « Vendée Globe », la donne change souvent. La vision des choses aussi. Comme tous les marins qui se comprennent d’un regard, Éric Bellion le sait. Toutefois, reste une permanence, un fil tissé comme celui d’Ariane : réussir à se retrouver sois-même.