En 1968, Stanley Hoffman, le plus français des politologues américains, publiait un essai appelé à un grand succès : « Gulliver empêtré ». Il y démontrait comment le Président des Etats-Unis, l’homme le plus puissant du monde, voyait, même en politique étrangère, pourtant le fruit d’un choix souverain dégagé des forces intérieures, ses décisions et ses possibilités contraintes. Soixante ans après environ, mutatis mutandis, les dirigeants français sont dans une même situation d’empêtrement social.
La Cour des Comptes a rendu il y a quelques jours son verdict « flash » sur la situation financière et les perspectives du système de retraites. Sur la question controversée du décompte des déficits du régime des pensions de l’Etat, elle prend clairement parti pour le conseil d’orientation des retraites (COR) et contre ses critiques, Jean-Pascal Beaufret et François Bayrou lui-même.
En cette année de 80ème anniversaire de la sécurité sociale, l’adoption de la loi de financement pour 2025 a été une étape indispensable mais tardive et très insuffisante. La Sécurité Sociale, au centre de notre « modèle social » si critiqué, est fragilisée comme jamais ; plus encore qu’à l’époque du plan Juppé de 1995 et des réformes qui l’ont suivi…