Le trajet du lendemain vers Montalbano Elicona se déroula presque intégralement en descente, d’abord en forêt puis ensuite en traversant un immense parc d’éoliennes dominant les monts Nebrodi. Pour atteindre l’étape du soir l’inévitable traversée du torrent en fond de vallée avant de remonter via un sentier muletier très raide pour déboucher en plein centre historique du village de Montalbano Elicona, classé lui aussi parmi les plus beaux d’Italie.
Je crois avoir eu la chance de visiter nombre de châteaux-forts incroyables dans mon existence, y compris le Krak des chevaliers et la forteresse de Saladin en Syrie, mais celui de Sperlinga est réellement l’un des plus spectaculaires : sa partie basse est véritablement taillée dans le rocher : écuries, salles de réception, cuisines, chambres se visitent dans un dédale sous la roche avant de monter sur la place d’armes, au donjon et enfin sur les différentes terrasses superposées, dont la plus haute se rejoint par un escalier très abrupt. En haut, une vue incroyable et bien sûr comme à Gangi, la certitude d’être inexpugnable.
Caccamo était le fief au XIIème siècle de Mathieu Bonnel, chancelier du roi normand Guillaume Ier dit le « Mauvais » quatrième fils de Roger II, en opposition à son fils Guillaume II, dit le « Bon ».
Ce château a conservé toute son architecture d’origine : remparts, salle d’armes, donjon, salle de garde, cuisines et cellules de prison où on voit encore les chaines qui retenaient les prisonniers et les graffitis de ceux-ci, généralement soumis à une mort certaine.
Pour ma randonnée planifiée en 2025, la logique aurait voulu que je reprenne mon itinéraire sur la via Popilia interrompu en juin 2024 pour le mener à son terme jusqu’à Reggio de Calabre. Mais un nouveau livre est venu briser ce bel ordonnancement. En effet en fouillant dans une librairie sicilienne lors de l’été 2024, je tombais sur un ouvrage qui selon toutes probabilités va m’accompagner tant que je pourrai randonner : « les 100 plus beaux chemins d’Italie » qui se présente comme un résumé de tous les plus beaux itinéraires pédestres de la Péninsule.
Tous ceux qui ont eu le courage et la gentillesse de me lire jusqu’ici pour profiter de mon récit de mon parcours à pied sur la via Appia antica et ses 700 kilomètres entre Rome et Brindisi, savent combien cette expérience m’a à la fois marqué et enthousiasmé.
De retour à Paris je n’avais donc qu’une seule idée : repartir. Pour cela il fallait planifier un voyage en tenant compte de plusieurs contraintes ; au-delà même de celles qui sont personnelles.
Altamura est une ville située juste en surplomb de la via Appia antica où j’avais prévu de me rendre car elle présente la particularité suivante : il s’agit d’une ville voulue par Frédéric II qu’il fit bâtir au XIII ème siècle, comme on construit des villes nouvelles aujourd’hui. Aucun habitat préexistant sur ces lieux, c’est chose très rare dans l’Italie méridionale.
L’étape démarrait par un chemin de crête qui conduisait à un endroit parfaitement improbable : un ancien bunker géant construit par la Wehrmacht pour prévenir toute attaque alliée du fond de la vallée, transformé en centre aquatique. Une grande piscine construite à l’intérieur du bunker, surmontée de gradins, le tout à l’abandon total, pas du tout clos malgré les dangers évidents de ce grand bassin vide. Je pensais m’attendre à beaucoup de choses sur ce parcours mais là on frôlait le plus étrange.
Un point de détail qui allait cesser d’en devenir un devait désormais m’accompagner jusqu’à la fin du voyage : l’aboiement incessant des chiens au bord des routes ou des chemins. Je devais vite remarquer que dans cette partie de l’Italie, plus l’habitat est modeste plus son propriétaire a de chiens pour le garder…et pour aboyer sur le randonneur inconnu qui passe à proximité et aller au devant de lui s’il peut sortir de son enclos.
Aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme son illustre ainé, c’est un lieu dont l’architecture intérieure est légèrement écrasante avec son fameux escalier monumental, et qui est au pied de jardins sublimes en pente ascendante tellement immenses que les promeneurs sont incités à louer des vélos pour en faire le tour !
DEUXIEME PARTIE : ITRI-CAPOUE La descente vers Itri permet de repérer quelques éléments de basalte d’époque jusque l’arrivée dans la ville où tout un parking de nouveau est installé sur une portion d’origine de la via tandis que le macadam a recouvert le reste. Itri que l’on traverse le long de la via Appius Claudius : impossible…