La question écologique reste à bon droit lancinante et surplombante. Le « Drill Baby Drill » n’empêche en rien que l’économie ne sera plus assurable à 2 degrés Celsius de plus, que les enchaînements de catastrophes naturelles détruiront de plus en plus de PIB par petit bouts, et que l’inaction nous coûtera à la fin une forme d’affaissement de l’économie dont nous savons déjà calculer et anticiper les effets.
Après l’industrie et la finance, comment allons-nous réagir, nous, Français et Européens, contre la domination numérique des États Unis que nous avons consentis dans cette forme contemporaine de « servitude volontaire » décrite avec profondeur par Étienne de la Boétie (1530-1563). Nous savons que cette servitude numérique est la cause de nos malheurs.
Dans les deux précédentes parties ont été actées la fin de la mondialisation et la naissance d’un eco-souverainisme. Il est maintenant nécéssaire de se poser la question de la contagion protectionniste au système financier. Celle-ci parait inéluctable puisque nos différentiels de croissance entre les États-Unis et l’Union Européenne, notre vassalisation numérique capturant la valeur et les différentiels de capitalisation boursière qui en découlent, conduisent notre épargne à migrer et alimenter l’investissement de l’autre côté de l’Atlantique plutôt que chez nous.
Une politique de souveraineté, c’est « une Nation décide librement, et ne veut plus dépendre des autres ». Vous avez observé une apparition récurrente dans les intitulés ministériels en France. Dans ce tourniquet enivrant des ministres -une sorte de nouvelle IVe République à l’intérieur de la Ve où les ministres changent tous les mois- il n’y a qu’une chose qui ne change pas : le mot souveraineté.
Le 19 mars dernier, Arnaud Montebourg a prononcé à l’institut Rexecode, un institut privé d’études économiques au service du développement des entreprises, un discours fondateur actant selon lui la « juste fin » de la mondialisation. Sans Doute est particulièrement heureux de proposer à ses lecteurs en exclusivité et en intégralité les propos de l’ancien ministre du Redressement productif qui détaillent une vision d’ensemble au service d’une idée phare : le protectionnisme est une nouvelle forme de progressisme. Aux lecteurs de Sans Doute de se faire une idée, mais cette démonstration argumentée mérite que l’on s’y penche de très près.