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MANUEL DE GUERRE POÉTIQUE #7 ?

Thérapie par l’énergie paradoxale – Une enquête gonzo au cœur de notre schizophrénie collective
Science double face
Crée puis détruit d’un geste
Miroir brisé
GENÈSE D’UNE MALÉDICTION
Caïn et Abel. Premier laboratoire de la violence humaine, première démonstration de notre science paradoxale. Le même cerveau qui invente l’agriculture invente le meurtre. Le berger nomade face au sédentaire technologique. Première guerre de civilisation, premier détournement du génie créateur vers la destruction. Bug fondamental dans le code source de l’humanité.
Premier sang versé
Matrice de tous les conflits
Éternelle répétition
Depuis cette malédiction originelle, nous portons en nous ce yin-yang civilisationnel : chaque invention pure (le feu, la roue, l’écriture, l’atome) finit par devenir une arme. Comme si nous étions condamnés à réitérer éternellement ce geste fratricide, cette trahison du frère par la technologie.
Caïn, premier ingénieur de l’Histoire, tue Abel, premier poète. Métaphore parfaite de notre condition : la science qui assassine l’âme, puis pleure sur le cadavre qu’elle a créé.
Yang destructeur
Yin créateur s’entremêlent
Danse macabre
I. DIAGNOSTIC SANS ANESTHÉSIE
Nous sommes malades. Gravement malades. Et le plus troublant, c’est que nous le savons.
Assis dans ce café parisien, observant les passants scotchés à leurs smartphones – ces mêmes appareils nés de la recherche militaire – je réalise l’ampleur de notre schizophrénie collective. Nous portons dans nos poches les fruits de notre génie destructeur reconvertis en outils de connexion. Héritage direct de Caïn.
L’humanité souffre d’un trouble dissociatif aigu : d’un côté, elle rêve de paix et d’harmonie (nostalgie d’Abel), de l’autre, elle ne cesse d’inventer des moyens toujours plus sophistiqués de s’anéantir (malédiction de Caïn). Comme un chimiste qui passerait ses journées à synthétiser des poisons tout en cherchant l’élixir de vie.
Docteur Jekyll
Et Mister Hyde dansent
Dans le même cerveau
Cette malédiction traverse les millénaires sans faiblir. Chaque époque réinvente sa version du fratricide originel.
II. LA SCIENCE PARADOXALE EN ACTION
Les guerres sont nos laboratoires secrets, nos rituels de renaissance par la destruction. Chaque conflit libère une énergie créatrice phénoménale, comme si l’urgence de tuer réveillait en nous l’esprit de Caïn dans toute sa génialité meurtrière.
1914-1918 : aviation, chimie, chirurgie réparatrice. 1939-1945 : radar, ordinateurs, nucléaire, fusées. Guerre froide : Internet, GPS, satellites.
À chaque fois, le même pattern : nous inventons pour détruire, puis nous récupérons pour construire.
Phénix technologique
Renaît des cendres du frère
Mort créatrice
Regardez l’Ukraine aujourd’hui : des adolescents transforment des drones civils en missiles guidés, l’IA analyse les flux Twitter pour prévoir les mouvements de troupes, des hackers en pyjama paralysent des infrastructures entières. La guerre 2.0 révèle notre potentiel créatif dans toute sa splendeur mortifère.
Einstein, horrifié par Hiroshima, découvre que sa belle équation E=mc² s’applique aussi à la condition humaine : plus nous accumulons de connaissances (m), plus notre capacité destructrice (E) explose exponentiellement. Caïn quantique.
Formule maudite
Connaissance égale mort
Équation sanglante
III. L’ACCEPTATION COMME PREMIÈRE ÉTAPE
Mais voici le twist révolutionnaire : et si nous acceptions enfin notre diagnostic ? Et si nous arrêtions de nier notre héritage caïnite ?
Non plus nier notre folie (« on fait la guerre pour la paix »), non plus chercher des boucs émissaires (l’ennemi extérieur), mais ACCEPTER que nous sommes collectivement les descendants de Caïn. Que cette pulsion destructrice-créatrice fait partie de notre ADN civilisationnel depuis la première pierre lancée.
Miroir cruel
Reflet de Caïn en nous
Vérité nue
Cette acceptation change tout. Au lieu de subir cette malédiction comme une fatalité, nous pouvons la détourner, la hacker, la pirater pour en faire autre chose. Transformer la malédiction en bénédiction.
IV. LA THÉRAPIE PAR L’ÉNERGIE PARADOXALE
Imaginez : retourner cette science paradoxale contre nos propres démons intérieurs. Faire la guerre à Caïn en nous. Utiliser notre génie destructeur pour nous auto-réparer, pour ressusciter Abel.
Les sports extrêmes ne sont-ils pas de la guerre sublimée ? Cette même adrénaline, cette montée aux extrêmes, mais sans mort. L’énergie caïnite transformée en dépassement de soi, en renaissance d’Abel.
L’art punk, le street art, la performance : l’artiste comme guerrier pacifique qui canalise cette pulsion primale vers la beauté. Caïn qui peint au lieu de tuer.
Combat détourné
Violence devient médecine
Guerre guérisseuse
Les hackathons géants où l’humanité entière « se bat » contre le réchauffement climatique, la pauvreté, les maladies : combat réinventé où l’ennemi devient problème à résoudre. Fraternité retrouvée face à l’adversité.
V. PROTOCOLE THÉRAPEUTIQUE PLANÉTAIRE
Nous devenons notre propre cobaye, notre propre laboratoire d’expérimentation existentielle. Cette énergie paradoxale comme auto-immunothérapie civilisationnelle. Caïn soignant ses propres blessures.
Phase 1 : Diagnostic sans complaisance (nous sommes les héritiers de Caïn)
Phase 2 : Acceptation de notre malédiction originelle
Phase 3 : Détournement thérapeutique de l’énergie destructrice
Phase 4 : Résurrection d’Abel par la transformation du conflit en soin collectif
Médecin-patient
Caïn chirurgien de son âme
Scalpel retourné
Cette thérapie planétaire ne cherche pas à éliminer Caïn – impossible, il est notre moteur évolutif. Mais à le réconcilier avec Abel, à faire danser ensemble le créateur et le destructeur, le berger et l’agriculteur, le poète and l’ingénieur.
ÉPILOGUE GONZO : LA RÉCONCILIATION
Assis dans ce même café, je regarde à nouveau passer les humains avec leurs smartphones. Mais cette fois, je vois autre chose : des descendants de Caïn qui s’ignorent, porteurs d’une malédiction millénaire, mais aussi détenteurs de leur propre antidote.
L’humanité malade peut se soigner elle-même. Il suffit d’accepter l’héritage de Caïn et de retrouver la tendresse d’Abel. De faire de notre science paradoxale non plus un outil de fratricide, mais de résurrection.
Science paradoxale
Caïn ressuscite Abel
Fraternité neuve
Peut-être que notre malédiction originelle était en réalité une bénédiction déguisée. Peut-être que Caïn devait tuer Abel pour apprendre à le faire renaître. Peut-être que notre génie destructeur n’existe que pour nous forcer à inventer l’art de guérir.
Cercle se ferme
Premier meurtre devient
Première guérison