Partager cet article
Il y a une petite décennie, en plein essor de la finance « durable », les coalitions se succédaient pour annoncer des engagements considérables de fléchage des investissements futurs et des positions toujours plus strictes sur les critères ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) à appliquer aux investissements.
Qu’il s’agisse des énergies fossiles, de la défense, ou même du nucléaire, les investissements étaient tracés, scrutés, et souvent réduits ou empêchés, tandis que les grands comptes s’efforçaient de lancer leurs obligations vertes. Depuis, le périmètre de ce que l’on entend comme finance durable a évolué : c’est un choix de raison qui a vu le secteur s’aligner sur les besoins réels de déploiement dans la transition, qui sont massifs, conduisant à une doctrine d’emploi plus large qu’initialement pensé.
Mi 2022, après l’adoption d’un cadre européen laborieusement consolidé (Taxonomie, CSRD, CS3D, SFDR, etc.) et d’innombrables efforts de place, il était possible d’espérer que l’on puisse enfin se concentrer non plus sur la définition de ce qui est vert, mais sur l’orientation réelle des capitaux vers le vert, et sur la mise en œuvre de cadres de politiques publiques et d’investissement à même de déployer efficacement ces capitaux.
Aujourd’hui, il n’a pas suffi de grand-chose au politique et aux acteurs financiers, juste un grand retour d’humeur de l’opinion publique occidentale, une montée des populismes utilisant la colère et les ressentiments, pour revisiter les évidences scientifiques et renverser la dynamique. Le désengagement des grands acteurs américains des coalitions pour le climat en témoigne : la liste s’est élargie récemment de BlackRock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde avec 11 475 milliards de dollars d'actifs sous gestion, sortant de la Net Zero Asset Managers Initiative (NZAM).
Mais Il y avait eu auparavant le départ des six plus grandes banques américaines – JP Morgan, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup, Goldman Sachs et Morgan Stanley - de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA). Il s’est accéléré depuis les élections de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Les prises de position de grands gestionnaires d’actifs appelant à plus de réalisme économique, parfois contre les exigences exprimées par leurs mandant ou encore la simplification des procédures de reporting et des contenus des normes SFDR et CSRD européennes pour alléger les contraintes de reporting pesant sur les entreprises et le monde financier (demandes très souvent hors sol il faut l’avouer), sont un autre signal d’un relâchement général sur le sujet.
Article réservé aux abonnés
Pour lire la suite, abonnez-vous
Profitez d'un accès illimité à l'ensemble de nos contenus en ligne et toutes nos newsletters.
Découvrir nos abonnements