Dans une récente interview aux Échos, Laurent Guillot, directeur général d’Emeis (ex Orpea), plaide pour une immigration choisie afin de répondre aux besoins pressants de main-d’œuvre dans le secteur du grand âge, en citant l’exemple de l’Autriche. On peut sourire de voir ce message émaner du responsable d’une entreprise qui est encore marquée par les scandales.
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Depuis la fin des années 90, la France a abordé le risque social de la dépendance principalement par la création de plus de 7.000 Ehpad et l’instauration d’un statut d’aidants. L’entourage familial se transforme en auxiliaires de vie au domicile, jusqu’à l’épuisement de l’aidant et/ou de la personne âgée ; moment où l’entrée en l’Ehpad devient incontournable. D’autres solutions, comme les services à domicile et la création de résidences intermédiaires, ont émergé, mais restent davantage supplétives que stratégiques dans le système actuel.
Le 4 octobre 1945, la signature des ordonnances créant la sécurité sociale par le Gouvernement provisoire de la République française marque un tournant historique. Soutenue par la forte croissance économique des Trente glorieuses, financée par le travail et assise sur la solidarité et la mutualisation des risques sociaux, ce modèle social a permis un progrès social sans précédent dans notre pays.
En 1968, Stanley Hoffman, le plus français des politologues américains, publiait un essai appelé à un grand succès : « Gulliver empêtré ». Il y démontrait comment le Président des Etats-Unis, l’homme le plus puissant du monde, voyait, même en politique étrangère, pourtant le fruit d’un choix souverain dégagé des forces intérieures, ses décisions et ses possibilités contraintes. Soixante ans après environ, mutatis mutandis, les dirigeants français sont dans une même situation d’empêtrement social.
La Cour des Comptes a rendu il y a quelques jours son verdict « flash » sur la situation financière et les perspectives du système de retraites. Sur la question controversée du décompte des déficits du régime des pensions de l’Etat, elle prend clairement parti pour le conseil d’orientation des retraites (COR) et contre ses critiques, Jean-Pascal Beaufret et François Bayrou lui-même.