Avant même l’élection de Donald Trump, l’Aide publique au développement subissait depuis plusieurs mois des réductions massives de moyens dans les pays occidentaux ; au-delà, c’est d’une profonde remise en cause qu’il semble s’agir désormais, comme l’illustre en France le nouveau « Cadre présidentiel », publié le 7 avril. L’opinion est désormais prise à témoin de la volonté d’être efficace (sic), ainsi que de servir les intérêts du pays donateur, au moins autant que ceux du bénéficiaire de cette aide. Cette baisse des moyens de la coopération internationale au développement s’accompagne en fait d’un changement profond de ses objectifs, qui prend la suite du changement de 2015 : les Objectifs du développement durable (ODD) avaient alors déjà bouleversé le paysage de l’Aide.
Le 15 février 2017, en pleine campagne électorale, le jeune candidat Emmanuel Macron déclare à la surprise générale – à Alger de surcroit ! – que « la colonisation a été un crime contre l’humanité ». Ce qui aurait pu être un simple propos de campagne a en fait été le préambule de toute une série de maladresses qui ont abouti à un affaiblissement durable de la France en Afrique. François Jay, notre expert du continent africain exerce pour les lecteurs de Sans Doute le devoir d’inventaire de l’action du Président de la République 8 ans jour pour jour après ses propos malheureux.
Amadou Hampâté Bâ disait « En Afrique, l’Islam n’a pas plus de couleur que l’eau d’une rivière, c’est ce qui explique son succès : il se colore aux teintes des terroirs et des pierres sur lesquels il coule »[1] Mais, depuis plus de 40 ans, cet islam « africain »[2] ancestral – traditionnellement moins rigoriste que d’autres, plus pacifique et ouvert aux autres spiritualités, « vert clair » en quelque sorte – plie sous les coups de ses ennemis ; il menace aujourd’hui de disparaitre.