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En 1968, Stanley Hoffman, le plus français des politologues américains, publiait un essai appelé à un grand succès : « Gulliver empêtré ». Il y démontrait comment le Président des Etats-Unis, l’homme le plus puissant du monde, voyait, même en politique étrangère, pourtant le fruit d’un choix souverain dégagé des forces intérieures, ses décisions et ses possibilités contraintes. Soixante ans après environ, mutatis mutandis, les dirigeants français sont dans une même situation d’empêtrement social.
Pourtant l’urgence est là et bien là : niveau sans équivalent de dépenses publiques combiné à des déficits et un endettement hors de contrôle, maintien voire hausse des inégalités d’accès de tous ordres, sentiment par la France périphérique et les classes moyennes d’un délaissement qui trouve peu à peu sa traduction dans les urnes, discriminations persistantes aux dépens de groupes sociaux vulnérables, mortalité infantile qui progresse, démographie en déclin, et pour couronner le tout, chômage qui remonte désormais après des années de recul.
Deux dossiers d’actualité parmi d’autres sont représentatifs de cet empêchement d’agir : les transports de patients et les retraites.
La croissance très rapide des dépenses de transports de patients d’abord. Ce n’est pas un phénomène récent : de 2,3 milliards € en 2003, ces dépenses ont été multipliées par trois en vingt ans, à 6 milliards € en 2024, (dont 41% pour les taxis). La prise en charge des transports non-urgents par des taxis a beau être rare en Europe, rien n’y fait. Les efforts d’économies demandés par l’assurance maladie, pourtant de bon sens et très mesurés, se heurtent à un mur de refus des professionnels, dont l’assurance maladie finance entre 50 et 90% du revenu, et d’indifférence de l’opinion publique, qui ne paie directement que 3% de ses dépenses de transports vers ou depuis l’hôpital.
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